Genèses et filiations

En mêlant intimement sa vie et son œuvre, Christine de Pizan ne cesse de convoquer et d’inscrire dans ses textes sa propre filiation ; elle écrit tout en étant fille et mère. D’autres filiations, littéraires et fictionnelles, tendent à se superposer à cette filiation biologique : d’une œuvre à l’autre se construisent et s’inventent des processus de genèse et d’engendrement et, avec eux, d’autres mères et d’autres pères ; des alliances nouvelles, pour la veuve qu’elle est. On envisagera ces filiations réelles ou imaginaires, matrilinéaires ou patrilinéaires, et leurs arborescences. On se demandera ce qui les soude, lorsque ce n’est plus la chair qui les fonde, et pour quels enjeux idéologiques.

On interrogera également certaines contradictions apparentes : la valorisation de la virginité, de la chasteté, récurrente sous la plume de Christine de Pizan, et la nécessité du lignage ; la promotion de soi à laquelle l’auteure se livre et l’absence de revendications pour les « filles » auxquelles elle s’adresse.

Genèse et filiation sont aussi au cœur de la réflexion sur les textes eux-mêmes, sur leur mode d’engendrement et de transmission, à travers l’analyse des différentes rédactions d’auteure, et de la filiation de celles-ci aux copies tardives, jusqu’aux remaniements et aux traductions.
On pourra s’intéresser à la filiation entre le texte et les images dans les différentes copies de présentation, ou encore à leurs rapports avec les images des manuscrits tardifs.

Enfin, la question de la genèse et de la filiation peut suggérer des réflexions sur plusieurs niveaux de la langue, notamment la syntaxe (l’étude de l’engendrement des phrases) et le lexique (la filiation des néologismes du latin ou de l’italien au français).

Les langues du colloque seront le français, l’anglais et l’italien.
Chaque communication aura une durée de 20 minutes. L’organisation d’ateliers (regroupant jusqu’à 4 communications) et de tables rondes est encouragée.

Les propositions doivent parvenir au comité avant le 15 septembre 2018. Pour consulter l'appel à communications en français, cliquez sur ce lien ; pour le consulter en anglais, cliquez sur celui-ci.

Littérature, histoire : lectures médiévales croisées

            Les frontières entre la littérature et l’histoire sont poreuses au Moyen Âge, suscitant maints questionnements sur l’écriture de l’histoire : ceux que se posent aujourd’hui les médiévistes littéraires et historiens — entretenus et ravivés par la vogue des romans se colletant à l’histoire —, ceux que se posaient, plus ou moins diffusément, les médiévaux eux-mêmes. La nature des sources, textes « littéraires », archives et chartes, et le canevas du récit, ou sa poétique, induisent en effet le rapprochement des deux disciplines. Mais la littérature comme l’histoire supposent des méthodes d’approche fort différentes et parfois conflictuelles. L’historien s’approprie les textes littéraires pour aborder l’objet envisagé ; le littéraire s’efforce de débusquer une saisie du réel dans les textes où l’histoire côtoie la fiction, laquelle introduit toujours « un surcroît de rationalité » (Jacques Rancière, Les Bords de la fiction, 2017).

L’objectif de ces rencontres, conçues comme des ateliers, est de soumettre des textes médiévaux et des « genres » circonscrits à la double lecture d’historiens et de littéraires, afin de mettre en évidence la singularité, mais aussi la nécessaire complémentarité des deux disciplines.

Vendredi 18 mai 2018 :

Pierre CHASTANG (Versailles Saint Quentin en Yvelines), Éléonore ANDRIEU (Université de Toulouse le Mirail) : « Autour de Guilhem/Guillaume d'Orange : écritures, textes, documents »

Contacts

Etienne Anheim : etienne.anheim@ehess.fr

Catherine Croizy-Naquet : catherine.naquet@gmail.com

Michelle Szkilnik :mszkilnik@numericable.fr

Les rencontres se tiendront de 13h à 16h, à la Sorbonne,

salle de l’École doctorale de Littérature française et comparée

(salle Max Milner)

escalier C, 2e étage, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris

http://www.univ-paris3.fr/cema

Pour consulter le programme de ce colloque, cliquez sur ce lien.

En ouverture des commémorations des 500 ans de la Réforme, le colloque La Réforme en spectacles, théâtre et protestantisme en Normandie et en Europe au XVIe siècle a pour objectif de mettre au jour les interactions peu connues entre débats religieux et développement des arts de la scène.

La Réforme a bouleversé la vie de l’Europe au XVIe siècle, incitant les citoyens à soutenir ou bien à combattre la nouvelle religion. La Normandie, terre de protestantisme, s’est alors imposée comme une interface majeure entre les pays germaniques, l’Angleterre, la Suisse et les Pays-Bas. Or la région était aussi l’un des principaux centres du théâtre en français. Le protestantisme a suscité en Normandie, comme dans le reste de l'Europe, des débats dont l’intensité et la violence ont transformé le théâtre, qui était alors le media à l’audience la plus large.

Le château de Cerisy accueillera, aux côtés du colloque scientifique international, une résidence-création dirigée par le metteur en scène Michel Cerda et consacrée aux pièces pro- et anti-protestantes du XVIe siècle. Le public est également invité à participer à une exposition-performance sur le théâtre à Rouen, conçue en partenariat avec les collégiens de Cerisy, et à des débats qui questionneront les rapports entre spectacle et scandale, et le rôle des arts face aux mutations religieuses de nos sociétés.

La Réforme en spectacles est une manifestation organisée par l'UGA (UMR Litt&Arts), l'Université Paris Nanterre (HAR), l'Université de Caen (LASLAR, MRSH, OUEN), l'Université de Rennes (CELLAM) et l'Institut universitaire de France.

Pour consulter le flyer de ce colloque, cliquez sur ce lien.

Le Sermon d'Amiens, éd. et trad. Annette Brasseur

Par Patrick Moran, le 13 avril 2018Lire la suite

Le Sermon d'Amiens, anomyme du XIIIe siècle en langue vernaculaire

édition et traduction par Annette Brasseur

Genève, Droz, 2018

Le XIIIe siècle est un grand siècle de la prédication, illustrée par quelques noms parvenus jusqu’à nous, mais aussi par d’obscurs sermonnaires dont les prônes nous apprennent beaucoup. Tel est le cas de l’auteur anonyme du Sermon d’Amiens, resté peu connu des médiévistes, faute d’une édition bien documentée répondant aux exigences de la critique moderne. La publication de ce texte, sur nouveaux frais, que donne Annette Brasseur, comble cette lacune. Elle est accompagnée de sa mise en français moderne (il n’en existe, jusqu’à présent, qu’une traduction en anglais), assortie d’une étude grammaticale, philologique et littéraire, de nombreuses notes, de tables précises et d’un volumineux glossaire. Elle invite aussi nos contemporains, dont on connaît le regain d’intérêt pour la prédication, à découvrir un dominicain surprenant, fin psychologue, qui sait mettre en œuvre, avec une très grande ingéniosité, tous les moyens de persuasion dont il dispose, pour obtenir les subsides indispensables à un évêque d’Amiens voulant faire effectuer les travaux de réparation qui s’imposent dans la cathédrale de cette ville. 

Pour accéder au prospectus de cette édition, cliquez sur ce lien.

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