Une manifestation scientifique intitulée La Fabrique des récits médiévaux (XIIIe-XVIe siècles) se déroulera sous la forme de deux journées d'étude : le 12 mai 2021, à l’université Bordeaux-Montaigne ; le 11 février 2022, à l’université Littoral-Côte-d’Opale (Boulogne-sur-Mer).
Lors de ces deux journées, les intervenants seront invités à proposer une réflexion sur la fabrique du texte médiéval, sa matérialité, ainsi que l'évolution des procédés de mise en forme des récits médiévaux entre le XIIIe et le XVIe siècle.
Pour consulter l'appel, cliquez sur ce lien.
8 septembre 2020
Le Bureau de la Société de Langues et de Littératures Médiévales d’Oc et d’Oïl a appris cet été, avec inquiétude et consternation, que le schéma du CAPES de lettres semblait fixé définitivement par le ministère avec une demande de sujets zéro auprès du jury. Or dans ce schéma, si la dissertation est maintenue à l'écrit et semblerait reposer sur une version courte du programme d'agrégation, la seconde épreuve est uniquement de didactique avec une question de grammaire. La partie historique du français, mais aussi la stylistique et l'étude du français moderne seraient ainsi réduites à néant ou à peu de chose. Devant cette situation établie sans tenir compte des démarches et conseils des universitaires spécialistes, la SLLMOO rappelle son attachement à trois principes.
1. L’enseignement de la langue française. Un tel dispositif a de graves conséquences car il réduit les lettres à un seul champ, la littérature, évaluée dans la première épreuve, et fait disparaître celui de la langue française, qui est pourtant fondamental dans l’enseignement secondaire et qui est pleinement la spécificité du professeur de français. Celui-ci n’est-il pas considéré comme spécialiste du français tant dans ses usages contemporains, dans sa norme que dans son histoire à l’œuvre dans les textes littéraires, dans la syntaxe, la morphologie, le lexique et l’orthographe ? Sa mission est d’ailleurs nettement marquée dans les programmes du collège et dans les récents programmes de grammaire du lycée. Comme le professeur de lettres classiques est spécialiste de littérature et de langues anciennes, le professeur de lettres modernes a une double spécialité, littérature et langue française.
2. La perspective historique. Il n’y a rien de plus inconfortable pour un enseignant que de savoir ses propres connaissances strictement limitées à celles qu’il doit transmettre : cela signifie qu’il ne peut faire face à aucune question de ses élèves, n’est pas en mesure de juger de la pertinence de telle page de manuel, ne peut prendre aucun recul face à son enseignement. Inversement, pouvoir expliquer en des termes simples à un élève de collège pourquoi le sujet d’une phrase assertive est généralement placé avant le verbe, à un élève de lycée pourquoi avait est orthographié avoit dans telle édition de telle œuvre au programme qu’il a trouvée à la bibliothèque font de l’enseignant un véritable passeur : celui qui donne du sens à la langue et qui garantit une pleine maîtrise de ses principes de compréhension. La disparition de la connaissance du français médiéval comme de celui de la Renaissance et de l’époque classique signifie à terme que l’enseignement du français sera réduit à un usage de communication, sans la dimension culturelle, historique et patrimoniale qui a permis sa place mondiale et fondé son renom.
3. La langue comme outil critique et citoyen. Si la connaissance du français en diachronie longue et en synchronie contemporaine donne aux enseignants les compétences nécessaires à la transmission des savoirs fondamentaux, si elle ouvre la voie à une vaste culture et à une meilleure compréhension des textes, littéraires ou non, elle s’inscrit aussi dans la vie de la cité. La maîtrise de la langue, parce qu’elle est tout à la fois la condition de l’échange, de la compréhension mutuelle et de la clarté de la pensée, est le fondement d’une société démocratique : là où le dialogue est impossible, la violence s’impose. C’est aussi la raison pour laquelle il importe qu’elle soit effectivement et correctement évaluée dans le cadre du CAPES, à l’heure où il s’agit de recruter un futur professeur de français et au terme d’un cursus dont la structure et le contenu, année après année, sont largement commandés par les maquettes des concours. Il s’agit là, dans nos filières, d’un effet de système. Faire disparaître une épreuve mène à la disparition ou au grave affaiblissement d’un pan entier de formation.
La Société de Langues et de Littératures Médiévales d’Oc et d’Oïl demande que le schéma actuel soit profondément revu. En vertu de la bivalence de notre discipline, nous demandons que soient affirmées dans la description des épreuves du CAPES la place de l’histoire de la langue française en diachronie longue ainsi que celle de la stylistique, de sorte que l’étude des lettres y soit représentée dans toutes ses dimensions, littéraires et linguistiques.
Pour le Bureau,
Jean-René Valette, président de la SLLMOO
En 2020, la SLLMOO aura le plaisir de décerner pour la première fois trois prix de thèse, d’un montant de 400 € par prix. Ces prix sont ouverts à tous les docteurs à jour de cotisation au sein de la SLLMOO, qui ont soutenu après le 1er janvier 2017 une thèse de doctorat relevant des sections 7, 9 ou 10 du CNU. Les prix seront attribués par un jury constitué de professeurs émérites. La remise des prix est prévue pour janvier 2021.
Les candidats peuvent envoyer leur dossier de candidature d’ici le 31 mars 2020 à l’adresse suivante : prixdethese.sllmoo@gmail.com. Le dossier devra comporter :
- un exemplaire numérique, en format pdf, de la thèse dans son intégralité ;
- le rapport de soutenance ;
- un curriculum vitae ;
- un argumentaire d’une page, rédigé par la directrice ou le directeur de recherches : cet argumentaire devra guider le travail de lecture et d’évaluation du jury ; il ne s’agira pas de reproduire le résumé de la thèse, mais d’indiquer sa nouveauté dans le champ de recherche exploré, de faire saillir sa démarche propre et ses apports effectifs dans le domaine traité, ainsi que ses qualités particulières.
Le Bureau de la Société de Langues et Littératures Médiévales d’Oc et d’Oïl (SLLMOO) a pris connaissance avec inquiétude et consternation du projet de réforme de l’actuel concours du CAPES.
Préparé dans la précipitation et sans concertation, visant à aligner l’ensemble des CAPES sur une maquette unique et opposant terme à terme disciplinaire et didactique, ce projet présenté sous couvert de professionnalisation aggrave le recul de la dimension disciplinaire du concours tant à l’écrit qu’à l’oral. À une époque où les connaissances et les compétences en langue traversent une grave crise, il appelle les remarques suivantes :
1. Nombre de CAPES sont à l’heure actuelle bivalents, à l’instar du CAPES de Lettres, composé de littérature et de langue française. L’éviction de l’épreuve disciplinaire censée évaluer la langue française en diachronie longue, outre qu’elle serait contraire aux attendus du répertoire national des connaissances, compromettrait le nécessaire redressement de ce niveau de langue dans l’enseignement secondaire, au moment où il convient de remédier, de manière urgente, à l’acquisition des fondamentaux. Tel est d’ailleurs le sens de l’introduction de la grammaire dans les nouveaux programmes de lycée.
2. La maîtrise réelle des savoirs à enseigner, et en l’occurrence de l’histoire de la langue française, est la condition première de toute transmission. Elle suppose un enseignant qui domine ses connaissances grâce à la profondeur historique et à la comparaison avec les autres langues européennes. Elle implique aussi qu’il soit en mesure de porter un regard réflexif sur ses propres pratiques. Le projet d’une épreuve fondée sur la recherche de ressources en ligne, à l’heure où se répandent les fake-news, est à cet égard déplorable car il donne à penser que la maîtrise de la langue relèverait d’un savoir extérieur, caché dans des arcanes numériques, qu’il suffirait de chercher au bon endroit à défaut de le maîtriser soi-même.
3. L’entretien de motivation et d’implication du fonctionnaire à l’oral, outre qu’il est impossible à évaluer scientifiquement, ne saurait remplacer la vérification par un jury des connaissances acquises par un candidat, de ses compétences disciplinaires et de sa capacité à mobiliser cet outil professionnel en faveur de l’enseignement. Il accrédite l’idée que le métier de professeur relèverait d’une activité culturelle comme une autre, voire de l’animation culturelle. Cela ne peut que dévaloriser l’image du professeur de Lettres, dans l’opinion publique, auprès des élèves comme dans la propre estime de soi des futurs enseignants.
Alors que le projet de réforme laissait espérer un véritable tournant vers une formation de qualité, en partenariat étroit avec les universités, qui aurait permis de susciter des vocations et de réhabiliter l’image du professeur de Lettres, le projet actuellement envisagé promet tout l’inverse : une régression des exigences intellectuelles, un mépris de toute réflexivité critique et pour finir une déqualification du métier d’enseignant.
La SLLMOO demande donc que ce projet soit profondément revu et que soit réellement organisée une large concertation, prenant en compte l’expertise des formateurs universitaires au concours du CAPES, et en particulier des médiévistes, spécialistes de l’histoire de la langue française.
Pour consulter le procès-verbal du CA qui a eu lieu le 5 octobre 2019, cliquez sur ce lien.